Top 14 : Montpellier promis à une nouvelle saison galère ?
Le MHR, qui sort d’un exercice 2023-2024 cauchemardesque, peine en ce début de saison. Les Héraultais, sont-ils repartis pour une année galère, loin de leurs objectifs de Top 6 ?
Dire que la saison 2023-2024 du Montpellier Hérault Rugby fut compliquée est un doux euphémisme. Treizième et barragiste à l’issue des 26 journées de la phase régulière, le MHR n’a dû sa survie dans l’élite du rugby hexagonal qu’à une victoire sur le fil, lors du barrage face à Grenoble (18-20). Malmenés, presque condamnés, les Cistes, par la botte de Carbonel, avaient in extremis réussi à inverser la tendance et maintenir un club nourrissant pourtant de grandes ambitions.
Car voir Montpellier en Pro D2 aurait été une anomalie sans nom. Champions de France en 2022 comme point d’orgue de leur ascension depuis 2010, les partenaires d’Arthur Vincent, habitués aux phases finales, n’ont depuis cessé de régresser au point d’être englués dans les abysses de notre championnat.
Et ce, malgré l’investissement massif du propriétaire Mohed Altrad, qui depuis sa prise de fonction n’a eu de cesse de clamer ses volontés de succès. Cette saison encore, et malgré un staff renouvelé, Montpellier semble reparti pour une année galère, au mieux de transition. En six rencontres, les Héraultais n’en ont remporté que deux. Une contre Perpignan dans un match délocalisé à Béziers (27-6), et l’autre, samedi dernier à domicile contre Vannes (26-24).
Mais la courte victoire face au promu breton n’a rien de rassurant. Derrière au planchot jusque dans les derniers instants, le MHR s’en est tout juste sorti, grâce au précieux soulier de Léo Coly. Ce succès a eu le mérite de le sortir de la zone rouge et d’enfin souffler. Mais pour combien de temps ? Le déplacement à Toulon qui se profile s’annonce périlleux. Alors, le MHR, qui souhaitait redevenir un prétendant au Top 6 est-il reparti pour une saison compliquée à batailler pour sa survie ?
Un effectif supérieur à l’an passé ?
Bernard Laporte avait fustigé en mai dernier un effectif façonné par ses prédécesseurs « complètement déséquilibré ». « Celui qui a fait cette équipe est un escroc », avait même asséné le directeur du rugby dans les colonnes de Midi Libre, qui jugeait alors qu’il faudrait attendre 2025 et le départ d’une bonne vingtaine de joueurs en deux intersaisons pour relancer véritablement le club. En attendant, le MHR a commencé cet été à renouveler en profondeur son effectif, réalisant un recrutement intéressant sur le papier.
Pour diriger le jeu, Laporte a fait venir l’excellent international argentin (10 sélections) Domingo Miotti, brillant avec Oyonnax, et l’ancien Agenais Thomas Vincent. Ces deux-là sont venus remplacer Louis Carbonel, loin de son niveau au cours des deux années passées dans l’Hérault, et Paolo Garbisi, poussé dehors en février dernier.
Derrière, l’arrêt de Geoffrey Doumeyrou ou le départ de Ben Lam ont été remplacés par les venues du facteur X de l’Union Bordeaux-Bègles Madosh Tambwe, ou du prometteur ailier, lui aussi arrivé en provenance de Gironde, Maël Moustin. À l’arrière, la légende du rugby écossais, Stuart Hogg, pourtant retraité depuis un an, a rechaussé les crampons. S’il fut le meilleur N.15 de la dernière décennie, sa longue période d’arrêt pouvait poser question, particulièrement sur la forme physique. Hogg doit également gérer son calendrier judiciaire, puisqu’il doit être jugé pour harcèlement et violences envers la mère de ses quatre enfants.
Devant, Mohamed Haouas et Wilfrid Hounkpatin, eux aussi mêlés à des affaires judiciaires, ont rejoint les travées du GGL Stadium. : « Ils n’auraient pas le droit à une nouvelle chance ? N’ont-ils pas payé ? Mohamed Haouas, cela fait plusieurs mois que je discute avec lui. Il y a une vraie volonté de la part du président et de la mienne à le faire revenir. Il a déraillé, mais il ne faudrait plus lui parler ? La justice est passée et il a le droit de répondre », expliquait notamment Bernard Laporte, fin août, dans les colonnes de Midi Olympique.
Sans oublier Billy Vunipola, transfuge des Saracens et renfort de poids. Parmi les meilleurs N.8 de la planète rugby il y a quelques années de cela, le cadet de la fratrie (31 ans) a posé ses valises dans l’Hérault en juin et est venu s’ajouter à une troisième ligne pléthorique où on compte les Nouchi, Simmonds, Bécognée, Van Rensburg ou Camara. Vous en conviendrez, sur le papier, l’équipe managée par Joan Caudullo s’est considérablement renforcée. Alors comment expliquer que cela ne se répercute pas sur le terrain ?
De trop grosses limites pour viser le Top 6 ?
Face à Vannes, certaines de ces recrues se sont mises en œuvre. Maël Moustin a inscrit un essai, Wilfried Hounkpatin a pris le meilleur sur Mako Vunipola. Billy Vunipola, n’a cessé de faire rugir le GGL Stadium à chacune de ses charges : « Personnellement, je pense être dans la meilleure forme de ma vie », affirmait ce dernier, dans des propos repris par La Dépêche. Une bonne nouvelle après une fin d’aventure contrastée aux Saracens et un été agité. Mais la formation montpelliéraine semble présenter certaines limites.
Certes Joan Caudullo vient d’arriver et cela demande du temps pour assimiler le nouveau plan de jeu souhaité. Mais du temps, dans un championnat si concurrentiel, il n’y en a pas. Depuis le début de saison, les Héraultais ont paru sans imagination lors de certaines rencontres. Par exemple contre Toulouse à domicile, face à une équipe remaniée, les Montpelliérains se sont montrés inoffensifs, incapables de proposer quelque chose d’intéressant.
Même constat face au Stade Français. À Jean-Bouin, opposés à une équipe parisienne en proie au doute, les Héraultais se sont accrochés mais n’ont pas su se montrer menaçants. Surtout, ils ont failli en touche comme ce fut le cas plusieurs fois cette année.
Entre temps contre un Bayonne alors faible qui s’est depuis refait la cerise, le MHR a proposé une première mi-temps sans fond de jeu, beaucoup trop faible pour l’emporter. La seconde fut bien meilleure et sans un essai encaissé dans les derniers instants, Montpellier aurait pu décrocher la victoire. Mais c’est bien cela qui frappe : une irrégularité rédhibitoire à un tel niveau, l’indiscipline, une touche défaillante.
Si l’on compare aux autres effectifs de Top 14, le constat est implacable : Montpellier semble à sa place. Force est de constater que depuis son titre, le MHR est entré dans le rang. Difficile, même s’il reste 20 journées à disputer, d’imaginer Montpellier passer sa saison à faire autre chose que batailler avec Perpignan, Vannes, Pau ou Bayonne pour son maintien. L’effectif s’est renforcé, on l’a dit. Le problème, c’est que toutes les écuries, dans cette course effrénée à l’armement, ont elles aussi apporté des plus-values à leur formation.
Vunipola « aime vraiment jouer le maintien »
Si l’on regarde les neuf ou dix clubs qui espèrent se qualifier pour les phases finales, l’effectif de Montpellier semble plus faible. Malgré des qualités évidentes, quelques manques sont notables. Au centre par exemple, l’absence de Jan Serfontein est préjudiciable. Arthur Vincent a du mal à retrouver son meilleur niveau et le jeune Auguste Cadot est encore en apprentissage.
À l’arrière, après un bon premier match contre Lyon, Stuart Hogg, à 32 ans, a du mal à retrouver le niveau qui était le sien après près d’un an et demi loin des terrains. La blessure de Bouthier n’arrange rien à tout cela et l’arrivée prochaine de Josh Moorby pourrait apporter un vent de fraîcheur à ce poste.
Devant, la énième commotion de Paul Willemse inquiète. Sans lui le cinq de devant semble en dessous des formations huppées de Top 14.
Autant dire que malgré ce succès face à Vannes, les voyants ne sont pas aux verts. Et Vunipola, dans des propos relayés par Rugbyrama, ne s’y trompait pas au soir de cette victoire étriquée. Aujourd’hui il est question uniquement de maintien et l’Anglais est prêt : « Cela va peut-être vous étonner mais j’aime vraiment jouer le maintien. Parce que je pense que cela fait ressortir le meilleur de moi. J’espère que cela aidera l’équipe. La pression d’avoir à performer chaque semaine est bonne pour moi ».
Ce samedi, les protégés de Bernard Laporte se déplacent donc à Mayol, pour y défier le RCT. Les Cistes devraient s’y rendre avec leurs cadres dans l’espoir de faire un coup sur la Rade.
Mais les Toulonnais restent sur deux défaites frustrantes à l’extérieur et voudront certainement se racheter. Les Montpelliérains seront-ils en mesure de ramener un succès précieux ? Dans le cas contraire, la réception de La Rochelle, une semaine plus tard la peur au ventre, pourrait déjà être un tournant de cette première partie de saison, alors que nous en serons quasiment au tiers. Le projet est nouveau et la saison de transition. Mais attention à ne pas voir le spectre de la saison dernière ressurgir.
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