Mickaël Guillard, le prototype du joueur rêvé de Galthié
Il a découvert l’équipe de France au cours de la funeste tournée en Argentine de l’été 2024. Malgré le contexte extrasportif pesant avec les affaires Jaminet et Auradou – Jegou, Mickaël Guillard (24 ans) avait réussi à se mettre en évidence lors des deux tests disputés face aux Pumas.
Remplaçant à Mendoza (28 minutes de jeu) puis titulaire à Buenos Aires (67 minutes de jeu), le joueur du LOU avait croqué à pleines dents dans ses premières capes en bleu, comme pour honorer la promesse faite à sa mère quand il était enfant.
« Je lui avais dit : ‘Maman, un jour, ça sera moi sur le terrain, tu me verras à la télé’. Cet été, quand j’ai eu ma première sélection, je lui ai rappelé. On a bien rigolé au téléphone tous les deux », rappelait-il la semaine dernière dans le JDD.
Mère et fils ont dû avoir d’autres coups de fil joyeux ces derniers mois. Car Guillard est devenu le seul joueur à participer à tous les matchs de l’équipe de France depuis l’été dernier parmi ceux engagés dans la galère sud-américaine, avec le pilier Jean-Baptiste Gros.
Signe du crédit gagné aux yeux de Fabien Galthié, même s’il a été rattrapé par le col en amont du Tournoi des Six Nations à cause de l’indisponibilité de Romain Taofifenua alors qu’il n’avait pas été convoqué dans la liste initiale.
Papé : « Guillard va avoir une activité monstrueuse sur le terrain, il porte fort le ballon »
Entré en jeu contre le pays de Galles puis en Angleterre, il a gagné ses galons de titulaire pour la deuxième fois en bleu en Italie, dimanche. Et n’a pas tardé à rendre la confiance du staff. Une pénalité obtenue au contest au sol sur la réception du coup d’envoi, un essai avant même le quart d’heure de jeu alors que l’équipe de France était menée 7-0. Et aussi 11 courses avec ballon, un franchissement, aucun plaquage manqué.
La réaction des Bleus 💙
Premier essai avec @FranceRugby pour le 2e ligne Mickaël Guillard 💥
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— Six Nations (FR) (@SixNations_FR) February 23, 2025
Voilà pour les stats visibles. Pour le reste, c’est une présence constante dans les zones d’affrontement, un soutien permanent, la capacité à multiplier les taches de l’ombre. Le tout à un poste de N.5 où on laisse beaucoup de jus en conquête, et qui n’est pas son poste le plus naturel. Mais que son « profil tout terrain », comme le voit son entraîneur à Lyon Karim Ghezal, lui autorise.
« J’aime beaucoup son profil […], il va avoir une activité monstrueuse sur le terrain, il porte fort le ballon, beaucoup de combat aussi sur les zones de ruck à l’image de la première pénalité », encense l’ancien 2e ligne international Pascal Papé (65 sélections) sur Sud Radio.
« Il peut jouer à cinq postes », soulignait Fabien Gegenbacher, directeur sportif du LOU, dans L’Équipe. « Il peut sauter en touche et annoncer, il est dominant dans ses collisions et très actif. Donc selon le profil de pack que l’on veut, plutôt porteur ou plutôt aérien, il y trouve sa place quoi qu’il arrive. »
Galthié apprécie les joueurs capables switcher de poste sans altérer leur niveau de performance
Du haut de son mètre 97 et de ses 113 kg, Guillard peut en effet jouer indifféremment ou presque aux deux postes de la deuxième ligne et aux trois de la troisième ligne. En Bleu, il a déjà évolué N.4, flanker et donc N.5 depuis dimanche.
Une polyvalence quasi inimaginable il y a vingt ans, mais que les nouvelles règles ont rendue possible pour quelques joueurs au profil hybride.
« Avant, les avants passaient énormément de temps en conquête », éclairait il y a quelques semaines Fabien Pelous, ancien capitaine du XV de France, qui a lui-même navigué entre la 2e et la 3e ligne avant de se fixer en N.4. « Le jeu est aujourd’hui plus fait de phases de déplacement de ballons ».
Un mastodonte comme Manny Meafou (2,03 m, 145 kg) dans l’axe droit de la deuxième ligne demeure une pièce maitresse selon le pack affronté. Mais en son absence, Guillard a plus que fait le job avant d’être relayé par Romain Taofifenua, d’un gabarit proche de celui de Meafou et donc bien moins polyvalent.
« On cherche des joueurs hybrides », éclairait Mickaël Guillard lui-même avant le match contre les Gallois. « On cherche maintenant en numéro 4 un profil de coureur, un peu comme un quatrième 3e ligne ».
Une analyse juste du rugby moderne et des spécificités valorisées par Fabien Galthié. Le sélectionneur apprécié les options offertes par ces joueurs capables de switcher de poste sans altérer leur niveau de performance.
Guillard, le profil ‘Galthié-compatible’ poussé à l’extrême
Ainsi, les demis de mêlée Antoine Dupont et Maxime Lucu capables de jouer 10, Thomas Ramos aussi bon à l’ouverture qu’à l’arrière, les centres Yoram Moefana et Gaël Fickou déjà vus sur les ailes, les ailiers Louis Bielle-Biarrey et Théo Attissogbe peuvent jouer 15, ou encore l’arrière Léo Barré en mesure de dépanner en 10 comme en 12.
Il en va de même devant. Le talonneur Peato Mauvaka a déjà terminé des rencontres en 3e ligne, le 3e ligne Alexandre Roumat a disputé les deux premières rencontres du Tournoi dans la cage, les flankers Oscar Jegou et Paul Boudehent sont testé au centre à l’entraînement…
Et donc Mickaël Guillard, poussant la ‘Galthié-compatibilité’ à l’extrême avec son profil allant de 4 à 8.
« On est tous polyvalents, les coachs imaginent toujours les scénarios les plus fous à l’entraînement donc on est tous préparés et je pense que c’est un peu la force du groupe », révélait ce dernier après la victoire sur les All Blacks en novembre dernier. « Tout le monde peut jouer à deux ou trois postes différents, c’est un peu fou. Ça permet sur des fins de match, en cas de blessure, à des joueurs de dépanner ».
Plus que dépanner, la polyvalence de Guillard pourrait bien lui permettre de se faire une place définitive pour de bon dans le groupe France, surtout avec l’optique d’un banc à sept avants reconduit en Irlande le 8 mars. Il a d’ailleurs été ajouté, lundi soir, à la liste des joueurs protégés par la convention passée entre la FFR et la LNR.
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