UBB – Racing 92 : deux habitués frustrés des phases finales
Le plafond de verre est décidément difficile à briser. UBB et Racing 92, qui s’affrontent ce dimanche pour une place en demi-finale du Top 14, présentent toutes les caractéristiques ou presque des gros bras du championnat.
Un effectif bardé d’internationaux, un budget confortable, un stade attrayant et une place récurrente au sein des six meilleures équipes françaises, synonyme de qualification pour les phases finales.
Mais les deux clubs ont beau s’installer année après année parmi les équipes qui comptent dans notre championnat, ils donnent l’impression de se prendre les pieds dans le tapis chaque fois qu’ils aperçoivent le Bouclier de Brennus.
Ainsi, les finales accumulées par l’un et l’autre club depuis leur retour dans l’élite (2009 pour le Racing, 2011 pour l’UBB) sont au nombre de… une. Et ça commence à remonter : c’était en 2016, pour le sacre inoubliable des Franciliens au Camp Nou de Barcelone (29-21 devant Toulon), alors que leur demi de mêlée Maxime Machenaud avait reçu un carton rouge en première période.
Depuis, c’est le désert, malgré une régularité certaine au très haut niveau des deux clubs en particulier en ce qui concerne le Racing. Lequel des deux franchira l’écueil, dimanche à 21h05, pour s’offrir le droit
Sur l’expérience : avantage Racing 92
Il faut tout de même souligner l’incroyable constance du Racing 92 au plus haut niveau depuis dix ans. En effet, le club francilien parvient systématiquement à se faire une place parmi les six meilleures équipes de France depuis la saison 2013-2014, et donc à participer aux phases finales. Personne n’a fait aussi bien dans l’Hexagone.
Alors certes, les grincheux souligneront que dans le lot, il n’y a qu’un titre remporté (2016) et une seule finale disputée. Mais cinq demi-finales et quatre matchs de barrage en dix ans (en 2020 il n’y a pas eu de phase finale à cause de la crise sanitaire du Covid-19), même perdus, ça vous fournit une sacrée dose d’expérience et ça aide à appréhender l’événement.
Cette régularité, Bordeaux-Bègles est également en train de l’acquérir. Construit intelligemment et patiemment par le président Laurent Marti, le club se structure et commence à trouver une constance. L’UBB reste en effet sur trois demi-finales consécutives en Top 14, toutes perdues. En 2022, elle avait notamment écarté en barrage le… Racing 92 (36-16) avant de caler en demie contre Montpellier (19-10).
Sur les absents : égalité
Matthieu Jalibert d’un côté, Nolan Le Garrec de l’autre. UBB comme Racing 92 sont privés d’un de leurs meneurs de jeu. L’ouvreur girondin s’est blessé aux ischio-jambiers lors du dernier match de la phase régulière, tandis que le demi de mêlée francilien souffre d’une blessure à l’épaule qui va nécessiter une intervention chirurgicale.
Des absences qui vont peser dans les deux camps, les deux internationaux français ayant la capacité de changer le destin d’un match pour leurs prises d’initiative, leur vista, leur folie.
« L’absence de Jalibert est terrible pour Bordeaux-Bègles parce que c’est lui qui lance l’attaque », juge l’ancien centre international Denis Charvet, sur RMC. « Il y a une complicité entre lui et Depoortère, il est très complémentaire avec Lucu, très complices aussi. Tu perds ta pièce maîtresse, ton leader d’attaque. Il apporte de la confiance à l’équipe, au collectif tout simplement. Pour moi tu perds beaucoup ».
Se passer de Le Garrec n’est pas une sinécure non plus pour le Racing. « Il n’y a aucun doute sur le fait que Nolann manque au Racing », appuie Stuart Lancaster, manager des Ciel et Blanc, dans Le Parisien. « Notre gros avantage cette saison est qu’on a eu la charnière, Nolann et Antoine (Gibert) dès le début, lors de la présaison. On a pu bien travailler nos systèmes ». Il devra s’en passer pour terminer la saison, et c’est tout sauf anecdotique.
Sur la dynamique : égalité
Les Racingmen n’ont pas grand-chose à perdre car ils sont dans la peau du survivant : ils se sont qualifiés pour les phases finales à la dernière minute du dernier match de Top 14, et c’est ce qui les rendra particulièrement dangereux.
« Cette semaine, c’est clair : tu gagnes ou tu perds, tu te qualifies ou tu es éliminé », rappelle Lancaster dans une lapalissade qu’il développe dans la foulée. « D’une certaine manière, ça allège l’esprit quand on n’a qu’à se concentrer sur le fait d’essayer de gagner. »
Ça risque de cogiter un peu plus chez les Bordelo-Béglais, qui se trouvent à l’embranchement d’une voie royale vers la finale. Non seulement ils ont gagné sur le terrain le droit de jouer ce barrage à domicile grâce à leur 3e place de la phase régulière, mais ils auront noté avec satisfaction que le stade Matmut Atlantique, l’antre des Girondins de Bordeaux, a été choisi pour accueillir les demi-finales de Top 14.
L’UBB peut donc rallier le Vélodrome de Marseille, écrin de la finale, en disputant deux rencontres à domicile. Pas un avantage anodin quand on voit la solidité des Bordelais chez eux, que ce soit à Chaban ou lors des délocalisations au Matmut : deux défaites cette saison, à relativiser car au cœur des doublons championnat – équipe de France.
Sinon, la sanction est souvent sans appel. Depuis le mois de mars et la fin du Tournoi des Six Nations, Toulouse, La Rochelle, Clermont ou encore… le Racing 92 sont venus se casser les dents à Chaban.
Cependant, tout peut arriver sur un match à élimination directe. Il y a peu, Maxime Lucu convoquait le souvenir douloureux du quart de finale perdu contre les Harlequins, cette année, en Champions Cup (41-42) pour illustrer l’incertitude du sport : « Sur les matchs de phase finale, tout est remis à plat, à zéro. On l’a très bien vu contre les Harlequins : quand on rate des détails, on peut passer à la trappe », prévenait-il sur les ondes de RMC. Le Racing 92 le sait aussi.
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