Van Niekerk, Giteau et la leçon de français
À 41 ans, Matt Giteau n’a pas encore tiré un trait définitif sur une brillante carrière qui s’étire depuis plus de vingt ans, puisqu’il compte bien continuer de jouer avec les San Diego Legion quand la nouvelle saison de MLR (Major League Rugby) débutera.
Ça n’empêche pas le natif de Sydney de remonter le fil de ses innombrables souvenirs alimentés par des passages en Australie bien sûr (Brumbies, Western Force), au Japon (Suntory Sungoliath), en France (RC Toulon), aux États-Unis (LA Gitinis, San Diego) et chez les Wallabies bien sûr (103 sélections entre 2002 et 2016).
Dans le podcast « Kick offs kick ons » qu’il tient avec d’autres anciennes gloires australiennes comme Adam Ashley-Cooper et Drew Mitchell, « Gits » a récemment reçu le Sud-Africain Joe van Niekerk.
Les deux joueurs se connaissent bien puisqu’ils ont évolué trois saisons ensemble au RC Toulon, entre 2011 et 2014. Trois saisons prolifiques (finales de Top 14 et Challenge européen en 2012, finale de Top 14 et victoire en Champions Cup 2013, doublé Top 14 – Champions Cup en 2014) pour une équipe dont le capitaine était… van Niekerk.
Charge à lui, donc, de faire les discours d’avant-match. L’un d’eux a particulièrement marqué Giteau. Et si le 3e ligne aux 52 sélections avec les Springboks était sur la Rade depuis 2008, ses speechs étaient avant tout donnés en anglais, teintés de quelques expressions françaises.
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« C’est grâce à lui que j’ai appris ‘J’y crois’ (en français dans le texte, ndlr) pendant un discours d’avant-match », démarre le polyvalent trois-quarts.
« Il répétait ‘J’y crois’ aux gars et moi j’étais là “Put***, mais ça veut dire quoi ‘J’y crois’ ?” Les autres m’ont alors dit que ça voulait dire ‘I believe’. Alors j’ai dit, « Moi aussi j’y crois, je suis avec Joe, alors j’y vais ! », a-t-il raconté sous le regard d’un van Niekerk hilare.
Giteau : « Quand je suis arrivé, j’avais envie de détester Joe »
Tous derrière “Big Joe”, ça n’avait pourtant rien d’évident pour Giteau à son arrivée dans le Var. La faute à un précédent quelques années plus tôt, que l’Australien avait gardé en travers de la gorge.
Il reprend le micro : « Quand je suis arrivé, j’avais envie de détester Joe. Parce qu’en 2004, on était en position de gagner le Tri-Nations – ça s’appelait comme ça à l’époque – et cet enfoiré a marqué un essai qui nous a enterrés sur ce match ».
Mais le ressentiment n’a pas duré trop longtemps. « À Toulon, en France, quand tu arrives tu es vu comme un mercenaire parce que tu as un gros contrat, mais c’est à toi de prouver que tu es là pour de bonnes raisons.
« Et très tôt, tout le monde a pu se rendre que Joe était là pour les bonnes raisons. Il court dans tous les sens, on le voit frapper le blason de Toulon sur sa poitrine, il joue pour toute la ville, il joue pour les gens et il nous emmène dans son sillage », estime Giteau.
« Sa façon de jouer, il en impose physiquement mais il est très fin dans sa façon de jouer. Quand je suis arrivé à Toulon… Quand tu le rencontres, il est tellement attachant, enthousiaste, il te fait des câlins »…
« C’est le meilleur en câlins », confirme Drew Mitchell, lui aussi membre de la dynastie toulonnaise des années 2010.
Installé au Costa Rica depuis plusieurs années où il possède une ferme biologique, Joe van Niekerk a perdu une quinzaine de kilos et gagné une longue barbe par rapport à sa période toulonnaise. Adepte de la méditation, nul doute qu’il a par contre encore amélioré sa méthode de câlins.