Vitesse et prise de risques, Jérémy Rozier et les particularités du Sevens
Des arrêts de jeu limités à la tolérance zéro en matière de ralentissement du jeu, les règles spécifiques au rugby à sept visent à permettre aux équipes d’attaquer, d’attaquer, d’attaquer… ce qui rend le jeu merveilleusement simple pour Jérémy Rozier, l’un de ceux chargés d’arbitrer la première étape de la nouvelle version du HSBC SVNS 2024.
« Le rugby à sept est très attractif parce qu’il est très spectaculaire en termes de temps de jeu effectif », explique l’arbitre français depuis le désert, avant le début de la saison au Emirates Dubai Sevens.
« Il n’y a pas beaucoup d’arrêts de jeu par rapport au XV, parce qu’on n’a pas beaucoup de mêlées et on n’a pas beaucoup de touches non plus. Les phases statiques, si nous en avons, sont jouées très rapidement et sept joueurs contre sept sur un terrain de même taille (que le rugby à quinze) ouvrent beaucoup d’espace. La condition physique des joueurs est exceptionnelle et leurs skills sont très élevées. Et, bien sûr, nous avons des essais spectaculaires. »
Des règles existent pour accélérer le jeu
Au cours des six prochains mois, les supporters du monde entier auront l’occasion de voir les 12 meilleures équipes masculines et féminines de rugby à sept de la planète s’affronter pour tenter de décrocher une place pour le week-end de la toute première grande finale (31 mai – 2 juin 2024) à Madrid, et Jérémy sait que c’est à lui et à ses collègues de permettre aux joueuses et aux joueurs de montrer le meilleur d’eux-mêmes.
« L’essentiel pour nous est de permettre au jeu d’être très rapide. Nous sommes très attentifs à la vitesse de circulation du ballon », dit-il.
Heureusement, les règles du jeu sont là pour aider. Tout d’abord, il y a une « tolérance zéro avec les plaqueurs » autour de la zone plaqueur/plaqué. Ajoutez à cela une série de coups de sifflet et vous aurez une idée de la situation.
« Nous avons des timings (serrés) pour les coups d’envoi et les transformations. Lorsque vous donnez un coup de pied au but après qu’une pénalité a été accordée, vous disposez de 30 secondes. Il en va de même pour les transformations. Une fois la transformation effectuée ou manquée, le coup d’envoi est à nouveau donné dans les 30 secondes », explique Jérémy Rozier.
« Au niveau des touches, c’est 15 secondes pour former la touche. Nous sommes également plus stricts en ce qui concerne les pertes de temps, ce qui signifie une tolérance zéro lorsque le ballon va en touche.
« L’équipe qui défend doit poser le ballon directement pour permettre à l’équipe adverse de jouer rapidement. Si elle ne le fait pas, c’est une pénalité automatique ou 10 mètres de plus sur la pénalité et un carton jaune pour le joueur.
« Nous devons disposer du ballon très rapidement pour permettre à l’équipe adverse de pouvoir jouer très vite, de créer des espaces et de marquer plus d’essais. »
Les phases statiques ouvrent des espaces
Pour ceux qui découvrent le rugby à XV, les subtilités liées à la mêlée peuvent parfois être un peu indéchiffrables. Ce n’est pas le cas lorsqu’il n’y a que trois personnes de chaque équipe qui se mettent en place.
« Les mêlées sont là pour permettre un bon contest et ensuite avoir beaucoup d’espace pour attaquer, à quatre contre quatre sur le reste du terrain », explique Jérémy. « Refaire une mêlée peut arriver une fois dans un match s’il n’y a rien de très évident à siffler, mais sinon notre principal objectif est d’avoir une bonne conquête et de faire partir le ballon rapidement. »
La philosophie est quasi identique lors des touches. Un minimum de deux joueurs de chaque côté doivent se disputer le ballon avec un receveur, généralement le talonneur, qui lance le ballon. Entrer et sortir le ballon, tel est le principe de base.
Risque et récompense
A Dubaï, les supporters ne manqueront pas de remarquer que Jérémy et ses collègues interviennent à chaque fois qu’un espace peut s’ouvrir.
« Au rugby à sept, lorsque vous avez l’avantage d’une pénalité, cet avantage disparaît après deux passes – de même pour les en-avant – donc la plupart du temps, le plus grand avantage pour une équipe est lorsqu’on siffle rapidement », explique-t-il. « Parce que lorsque nous sifflons une pénalité, l’équipe (en défense) doit reculer à 10 m de la marque et pendant ce temps, l’équipe (attaquante) peut jouer rapidement et avoir l’avantage de jouer lorsque la défense n’est pas en place. »
Jérémy Rozier, qui arbitre sur le circuit du rugby à sept depuis 2017 et espère officier aux Jeux olympiques de Paris 2024, aime particulièrement l’accent mis sur le risque et la récompense.
« On demande aux joueurs d’être techniquement précis tout le temps, s’ils prennent un risque sur une action et qu’ils se trompent dans leur technique, on est vite prêt à les pénaliser. En revanche, s’ils prennent un risque et qu’ils réussissent – par exemple, s’ils frappent le ballon en-avant lors d’une interception – ils sont récompensés », explique-t-il.
Dans le même ordre d’idées, les en-avant délibérés sont toujours sanctionnés par un carton jaune et une pénalité. Par ailleurs, tout contact au-dessus de la ligne des épaules est considéré comme un plaquage haut et entraîne également deux minutes d’exclusion.
Comme le souligne Jérémy, avoir un joueur en moins pendant deux minutes au cours d’un match de 14 minutes sur un terrain de taille normale est un inconvénient majeur. « Ils doivent faire les choses correctement. »
Avec moins de joueurs et des règles allégées, tout est « beaucoup plus lisible », selon l’arbitre. Ce qui rend le rugby, et sa nouvelle version du SVNS, particulièrement attrayants pour celles et ceux qui le découvrent.