Woodward, Henry, Galthié : l’épreuve du retour
Fabien Galthié n’est pas le seul sélectionneur d’une nation majeure du rugby mondial à enchaîner un second mandat après un échec cuisant en Coupe du Monde. Lui, va le traîner longtemps son élimination d’un point en quart de finale de la Coupe du Monde de Rugby 2023 face à l’Afrique du Sud (28-29).
« Nous avons échoué dans notre conquête du Graal », dit-il, encourageant ses joueurs et son staff à ne pas oublier, mais à continuer à avancer. Lui-même assure qu’il travaille dessus tous les jours et a hâte d’être au Tournoi des Six Nations pour relancer ce XV de France à qui on promettait le titre suprême.
« J’aurai l’occasion de la gagner [la Coupe du monde] peut-être, mais nous regrettons ce match », assène encore Antoine Dupont plus de 40 jours après cette soirée de « cauchemar ».
L’Angleterre éliminée d’un point aussi
Galthié hyper fan des data et d’histoires pourrait se réconforter en jetant un œil dans le rétro car deux sélectionneurs de légende avant lui sont également passés par là : Clive Woodward et Graham Henry.
En 1999, Clive Woodward encaisse une élimination en quart de finale face à… l’Afrique du Sud au Stade de France (déjà). Le score est plus tranché pour le XV de la Rose : 44-21. En poste depuis deux ans, Woodward est malgré tout reconduit et impose des moyens importants à la RFU pour bien assurer le passage au professionnalisme.
Le pari réussit car quatre ans plus tard, l’Angleterre est sacrée championne du monde sur un ultime drop de Jonny Wilkinson (victoire 17-20 sur l’Australie).
La Nouvelle-Zélande remballe en quart de finale
Le cas de Graham Henry est tout aussi intéressant et se rapproche encore plus de celui de Galthié. Souvenons-nous Cardiff, quart de finale de la Coupe du Monde de Rugby 2007 – la première organisée par les Français – entre la Nouvelle-Zélande et la France. Le XV tricolore croit jouer là sa finale et donne tout pour l’emporter (18-20).
La suite pour les hommes de Bernard Laporte ne sera pas exceptionnelle (une 4e place), mais c’est une autre histoire. Ce qui nous intéresse là, c’est l’avenir de Graham Henry, conspué en Nouvelle-Zélande où le rugby est le sport roi, au fond du trou avec ses All Blacks qui font pâle figure.
A tête reposée, Graham Henry saura convaincre la NZRFU que cette défaite douloureuse n’était pas entièrement de son fait et qu’un accident peut en effet arriver. Il sera reconduit par la fédération de Nouvelle-Zélande pour un nouveau mandat au terme duquel, au soir du 23 octobre 2011, la Nouvelle-Zélande sera sacrée championne du monde après s’être imposée face à la France… d’un point seulement (7-8).
Woodward et Henry ont écrit à Galthié
Ces deux faits historiques, qui ont conduit à forger la légende du rugby, pourraient inspirer Galthié et ses hommes. Et si 2027 en Australie était la bonne pour le XV de France ?
Dans une interview accordée à Midi Olympique, Fabien Galthié dévoile que les deux sélectionneurs, Clive Woodward et Graham Henry, n’ont pas tardé à lui témoigner leur sympathie au lendemain de l’élimination en quart.
« J’ai cité une de leurs phrases : parfois, les choses qui doivent arriver n’arrivent pas. Et j’ai trouvé ça très juste », raconte-t-il. « Et dans leur message, il y avait aussi ce conseil, ou ce partage d’expérience : le temps permettra de clarifier des choses qui semblent évidentes.
« Ces deux-là ont touché le Graal mais ils ne sont pas Français. A chaud (quand il a reçu ces messages, ndlr), je n’ai rien ressenti. Mais avec le temps, je suis revenu dessus. Le temps a fait son effet et j’ai compris ce qu’ils ont ressenti et ce qu’ils ont voulu partager.
« Ils sont passés par des territoires que nous empruntons depuis un mois. C’est intéressant d’écouter ce qu’ils ont à partager. »