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Yannick Nyanga : « un ballon pointu, ça me faisait peur »

Yannick Nyanga

Comment à partir de la peur d’un ballon Yannick Nyanga est devenu un troisième-ligne international de renom ? Comment le lien s’est fait entre sa pratique, la data et sa carrière ?

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Il faut remonter à son enfance pour comprendre. « La première data que j’ai eu, c’est ma tante qui était venue du Congo pour me voir », raconte l’ancien joueur du Racing 92 dans le BastaShow – saison 2, à voir en exclusivité et gratuitement sur RugbyPass TV.

« Je devais avoir 5 ou 6 ans et j’avais peur du ballon. Quand on me faisait une passe, je ne voulais pas attraper le ballon parce qu’un ballon pointu, ça me faisait peur. Par contre, si je prenais le ballon et que c’était moi qui jouais la pénalité vite, j’étais capable d’aller marquer.

« J’avais l’impression que personne ne voyait que j’avais peur du ballon. Sauf que… ma tante vient me voir, elle pose son pagne, elle regarde – elle ne connaît rien au rugby – et elle me demande pourquoi je n’attrape jamais le ballon et si j’ai peur. C’est là que je me suis rendu compte que ça se voyait. Ma tante m’a donné une information qui a changé mon comportement. »

Il faut former à la data

46 sélections avec le XV de France et deux Coupes du Monde de Rugby (2007 et 2015) plus tard, Yannick Nyanga (40 ans aujourd’hui) publie « Data et sport. La révolution », avec Aurélie Jean, docteure en sciences, à la veille de la Coupe du Monde de Rugby 2023. Le livre rencontre un tel succès qu’il vient d’être édité en poche.

« Ce livre est né d’une rencontre avec Aurélie », raconte le désormais entraîneur des espoirs du Racing 92. « Fred (Michalak) organisait le salon des innovations dans le sport. Il m’avait invité à une table-ronde sur la data et on s’était retrouvé sur plein de points, notamment sur les avantages et les inconvénients de la data, sur le fait que c’était ni bon, ni mauvais. En fait, c’est ce qu’on en fait qui compte. Je l’avais invitée au Racing 92 et elle avait été surprise par toute la data qu’il y avait dans le sport. »

De discussions en discussions, l’idée a germé d’en faire un bouquin. « On a besoin d’être formé à la data », insiste Yannick Nyanga.

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Une information à un instant T

« Aujourd’hui, on mesure tout : l’intensité des entraînements, la vitesse, le nombre de kilomètres… », décrypte-t-il. « On se rend compte que les blessures viennent souvent des variations de charge d’entrainement. A partir du moment où tu as une variation entre 20 et 30%, tu commences à t’exposer. C’est pour ça qu’on ne demande jamais à un joueur de s’arrêter ou, s’il s’arrête complètement, il doit passer par des sas pour revenir à son meilleur niveau. Ainsi, on réduit considérablement les blessures.

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« La data, beaucoup de gens pensent que c’est quelque chose de compliqué. Mais c’est une information, tout simplement. »

Nyanga prend l’exemple du chrono pour expliquer la pertinence de la data. « Tu vas commencer à courir sans ta montre connectée et tu vas courir tranquille. Et à partir du moment où je vais te dire que je te chronomètre, ton comportement ne sera plus le même.

« La data n’est pas une vérité, mais une information à un moment donné. La data ne veut pas dire que tu cours à cette allure-là, mais qu’à un moment donné tu as couru à cette allure-là. Répété par rapport au nombre de fois, ça peut donner des tendances.

« La data doit toujours être au service d’une idée. On part d’une idée de base, techniquement et tactiquement, et ensuite quels chiffres tendent à servir cette idée-là. »

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