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100 000 licenciées : l’objectif ambitieux du rugby féminin en France

Pauline Bourdon-Sansus

A quelques jours du Crunch final entre France et Angleterre au Stade Chaban-Delmas de Bordeaux, les ambitions autour du rugby féminin en France se font jour.

Déjà en termes de fréquentation des matchs, l’ascension est prometteuse, ne serait-ce qu’avec les plus de 22 000 personnes attendues pour cette affiche samedi 27 avril.

« Il y a plus de gens qui nous suivent, c’est top », sourit la demie de mêlée Pauline Bourdon-Sansus (28 ans, 56 sélections). « On a vu aussi qu’on a battu des records aussi sur notre championnat (Elite 1, ndlr). On trouve qu’il y a de l’engouement autour de nous et de plus en plus. C’est grâce aussi à nos résultats et à nos performances. »

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La Coupe du Monde de Rugby Féminin 2037 en France ?

Dans les colonnes du journal Sud-Ouest, Brigitte Jugla, la vice-présidente du rugby féminin à la Fédération Française de Rugby, confirme que l’engouement ne se fait pas uniquement dans les tribunes, mais aussi sur les terrains.

« La croissance du rugby féminin est exponentielle depuis trois ans », affirme-t-elle. « On est à +20 % de licences cette année. Aujourd’hui, on est à 48 000 licenciés féminines et le but est d’atteindre les 100 000 licenciées en 2033. »

100 000, un chiffre rond et ambitieux, plus de deux fois celui d’aujourd’hui. 2014 fut l’année charnière avec l’organisation de la Coupe du Monde de Rugby féminin en France. C’est vraiment à cette occasion que la discipline avait décollé.

La FFR ambitionnerait-elle d’organiser une prochaine édition ? Après 2025 en Angleterre, 2029 en Australie et 2033 aux Etats-Unis, la perspective que la France se porte candidate pour l’édition 2037 reste pertinente et réaliste.

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L’exemple vertueux du championnat anglais

D’ici là, le rugby féminin aura largement gagné en visibilité, notamment via le championnat Elite 1 qui va passer à une poule unique de 10 clubs dès la saison prochaine.

La France a du retard en la matière à la différence de la Grande-Bretagne dont les matchs de la PWR sont retransmis à la télévision le week-end et singulièrement sur RugbyPassTV.

« C’est plutôt cool parce qu’il y a beaucoup de monde qui vient et c’est beaucoup regardé », remarque la talonneuse rennaise Élisa Riffonneau (20 ans, 9 sélections), seule internationale française à évoluer dans le championnat anglais avec les Ealing Trailfinders, le club d’Abbie Dow qu’elle affrontera à Bordeaux.

« Ça met en valeur notre championnat, même si ce n’est qu’un match par week-end. Mais c’est déjà très bien et on est très contentes. Ça ne change pas grand-chose dans la façon dont on va jouer, mais ça a une grande influence sur la promotion du rugby féminin. »

Canal + intéressé

Le modèle semble être à suivre à la fédération où l’on réfléchit de plus en plus à retransmettre les rencontres de Elite 1 à la TV. D’ailleurs, il était question que ça fasse partie de la corbeille des droits du Top 14 et de la Pro D2 actuellement en discussion.

« La LNR est également impliquée et s’intéresse au rugby féminin », confirme Brigitte Jugla. « Aujourd’hui par exemple, Canal+ n’est pas indifférent à s’orienter sur du féminin. Mais pour ça, il faut que l’on propose des matchs qui soient diffusables, de qualité et qui attirent le public.

« Aujourd’hui, on a quelques belles affiches qui ont déjà pu réunir plus de 6 000 spectateurs, on commence à avoir un vrai public pour le rugby féminin. Ces matchs-là pourraient être diffusés. »

Derrière cela, la FFR a aussi l’ambition de transférer ses contrats fédéraux proposés à un nombre réduit de joueuses du XV et du 7 aux clubs qui gagneraient en puissance sportive et économique.

Les contrats fédéraux transférés aux clubs ?

« Aujourd’hui, il est clair que la Fédération va petit à petit se désengager pour créer une bascule avec les clubs, pour que ce soit eux qui financent à terme. Pourquoi ? Car on a créé une inégalité et on a faussé le système. Des filles sont obligées de travailler et de compenser, car si elles veulent pratiquer leur sport, elles n’ont pas les moyens nécessaires et il y a encore trop d’inégalités. Ce que nous souhaitons, avec l’accompagnement des clubs, c’est de trouver un équilibre et les ressources pour toutes les filles de l’Élite », assure la vice-présidente.

La trois-quarts centre Gabrielle Vernier (26 ans, 44 sélections) en est d’ailleurs l’une des bénéficiaires et constate chaque jour les progrès qui ont été accomplis depuis qu’elle a commencé.

« Mon quotidien se partage entre le rugby à 75% et le métier d’ingénieure à 25% », raconte-t-elle dans le podcast Crunch de L’Equipe. « Une semaine classique, c’est muscu le matin, entraînement le midi avec les joueuses de Blagnac, boulot l’après-midi et entraînement le soir avec les joueuses de Blagnac. Ça fait un rythme chargé, mais je me plais là-dedans. On sait très bien qu’il y a un après carrière à anticiper. A l’heure actuelle on gagne notre vie, mais ce n’est pas durable.

« On voit de nets progrès avec l’apparition des contrats fédéraux où on est employé de la fédération à 75% et les clubs qui sont de plus en plus structurés. Quand je suis arrivée à Blagnac il y a quatre ans, c’était trois entraînements par semaine 19h30-21h30. Maintenant on a la possibilité de s’entraîner le midi, on a accès à la salle de musculation quand on veut en journée, on s’entraîne plutôt en soirée avec pour objectif de s’entraîner entre 16h30 et 18h30. C’est compliqué à gérer, mais on sent que tout le monde pousse pour qu’on se professionnalise plus. »

L’opportunité du XV de France féminin

L’équilibre financier est donc à trouver et cela passe pour l’instant par la performance du XV de France féminin.

« On est un peu la vitrine du rugby féminin français ; l’engouement passe aussi par nous, nos performances, nos résultats », note la troisième-ligne Gaëlle Hermet (27 ans, 62 sélections).

« On ne le voit pas comme une responsabilité à porter. On le voit plus comme une opportunité de porter le rugby féminin encore plus haut, se dire qu’à chaque fois qu’on est sur le terrain, on a cette mission de faire grandir le rugby féminin. Ça passe aussi par nos performances, on en a conscience. »

Nul doute qu’un exploit contre l’Angleterre samedi, qui mettrait fin à une insolente série de 28 victoires des Red Roses et à un tunnel de 12 défaites de rang, boosterait encore plus la notoriété du rugby féminin en France.

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