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Ces Français qui se sont exilés à l’étranger pour briller

Par RugbyPass
BLOEMFONTEIN, AFRIQUE DU SUD - 05 OCTOBRE : Antoine Frisch (Emerging Ireland) lors du match du Toyota Challenge entre Airlink Pumas et Emerging Ireland au Toyota Stadium le 05 octobre 2022 à Bloemfontein, Afrique du Sud. (Photo par Johan Pretorius/Gallo Images)

Par Louis Bareyt

Rabah Slimani est arrivé au Leinster. L’information a eu de quoi étonner, et pour cause. Dans l’histoire récente du rugby tricolore, rares sont les joueurs français à avoir quitté l’Hexagone.

Il faut dire que notre championnat domestique, sûrement le plus compétitif à l’heure de l’écriture de ces lignes, offre chaque week-end des affrontements de haut niveau. Pourtant, certains d’entre eux ont éclos hors de nos frontières ou décidé de faire carrière loin de l’Hexagone. Qui sont-ils ?

Ils sont devenus internationaux après leur passage à l’étranger : Antoine Frisch et Thibaud Flament

Nombreux sont les Français passés par l’Angleterre. Pêle-mêle, on peut citer Thomas Castaignède, Thierry Lacroix, Philippe Sella, Sébastien Chabal, Raphaël Ibanez ou Louis Picamoles parmi les plus récents. Mais intéressons-nous aux destinations plus « insolites ».

Le dernier exemple en date ? Antoine Frisch forcément. Il y a encore six ans, peu de monde aurait alors misé un kopeck sur une telle trajectoire, alors que le natif de Fontainebleau, évoluait en Fédérale 1, du côté de Tarbes. Indésirable au Stade Français à la fin de ses années espoirs, le trois-quarts centre va dans un premier temps rouler sa bosse en France.

Tarbes donc, puis Massy et Rouen Pro D2. Aussi improbable que cela puisse paraître, il va taper dans l’œil d’un cador de Premiership, les Bristol Bears. Là-bas, il va durant une saison, former une paire de centres complémentaire avec le phénomène Semi Radradra. À tel point que ses performances vont impressionner un club mythique du Vieux Continent, le Munster.

À l’été 2022 direction Limerick donc. Durant deux saisons, Antoine Frisch va émerveiller les supporters irlandais. Au centre du terrain, il devient un titulaire indiscutable. Un parcours totalement dingue qui va lui valoir une convocation avec l’Irlande B, puis les Barbarians en août 2023 pour une rencontre de gala contre les Samoa.

Son abattage, ses qualités techniques et sa capacité à bonifier ses partenaires vont même lui permettre de décrocher deux sélections avec le XV de France en juillet dernier en Argentine. Mieux encore pour sa première sélection (victoire 28-13), il inscrit un essai et fait parler ses qualités défensives sur un retour salvateur. Sans oublier sa victoire en finale de l’URC quelques semaines auparavant pour couronner le tout. Une carrière atypique pour un joueur qui va poursuivre son ascension, puisqu’il vient de signer au RCT et connaîtra pour la première fois de sa carrière le Top 14.

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International français à 26 reprises, homme de base de Fabien Galthié, Thibaud Flament, de son côté, nourrit une particularité. Vous l’avez ? Eh bien non, le solide deuxième-ligne de 27 ans n’est pas Jiff. Étonnant pour un joueur français. Pour comprendre cela, il faut remonter aux prémices de sa carrière. Né à Paris et alors qu’il arrive en Belgique à trois ans, c’est tout naturellement que Thibaud Flament suit les traces de son père et s’inscrit au rugby.

Au plat pays, il débute à l’ASUB Waterloo en 2005, club aux seize titres nationaux. Dix ans plus tard, il rejoint l’université de Loughborough en Angleterre avant de rejoindre l’Argentine pour un stage au sein de l’Ambassade de France. En Amérique latine, il intègre le club de Newman avec lequel il va littéralement exploser.

À l’image d’Antoine Frisch, Flament va peu à peu gravir les échelons au point de devenir un titulaire indiscutable de l’équipe première et de laisser entrevoir de sacrées aptitudes. À son retour à l’université de Loughborough, ses performances remarquées vont alors le faire signer aux Wasps en 2019. Éclosion aux yeux du grand public, le Stade Toulousain va alors sauter sur l’occasion pour la suite que l’on connaît. Trois Boucliers de Brennus, deux Champions Cup et un Grand Chelem.

Nicolas Kraska premier français à découvrir le Japon

Si jusqu’à présent, on a pu évoquer des exemples récents de joueurs connus du grand public, d’autres « frenchies » moins médiatisés que certaines têtes d’affiches ont tenté l’aventure dans des destinations exotiques. Parmi ceux-là ? Nicolas Kraska. Ce nom ne vous évoque rien ? Et pourtant, il fut le premier tricolore à évoluer dans le championnat professionnel japonais.

Formé à Courbevoie puis passé par le Racing 92 avec qui il fut champion de France de Pro D2, Nicolas Kraska a connu les joies du rugby professionnel à Albi, avant de filer à Cognac en 2014. C’est en 2015 qu’il décide de s’exiler au Japon, comme il nous l’explique. « J’ai fait la montée de Pro D2 à Top 14. Sur l’année de Top 14, Pierre Berbizier m’a dit que je ne jouerai pas », explique-t-il à RugbyPass.

« Il m’a donc laissé partir avec le Sevens. Suite à ça, j’ai signé trois ans à Albi. Ensuite, j’avais envie de bouger, l’impression d’avoir fait un peu le tour. Je ne voyais pas ma carrière décoller plus que ça, ça allait être de la Pro D2 ou de la Fédérale 1. »

Nicolas a des envies d’ailleurs. Son agent de l’époque ne lui trouvant que de la deuxième division anglaise ou de la première division italienne, il décide d’entamer les démarches de lui-même. Il envoie des CV en Nouvelle-Zélande, Australie, au Canada, aux États-Unis, à Hong-Kong et donc au Japon, inspiré après que « Ma’a Nonu et Sonny Bill Williams aient signé là-bas », admet-il.

Il poursuit : « J’ai eu pas mal de réponses, du Canada, États-Unis, d’Australie, Hong-Kong ou Nouvelle-Zélande. Mais rien de bien fou, puisqu’ils me demandaient d’être semi-pro et d’avoir un travail à côté. Je me sentais encore apte à ne pouvoir jouer qu’au rugby. Sur LinkedIn, j’ai envoyé mes CV, lettres de motivations, highlights à des clubs japonais. Au début, je n’ai eu que des réponses négatives. Et sur les dix réponses, une seule positive de Joe Barakat, qui était à l’époque aux Toshiba Brave Lupus. »

Nicolas Kraska passe alors des tests qui s’avèrent concluants et signe pour une saison avec les Toshiba Brave Lupus, club basé à Fuchü, dans l’agglomération de Tokyo. Alors qu’il ne connaît rien à la culture nipponne, cette escapade va lui permettre de découvrir autre chose et quitter un rugby français à l’époque « peu attractif surtout lorsqu’on est ailier ».

Là-bas, il va connaître un nouveau jeu, bien plus aéré, basé énormément sur la technique et la vitesse : « En 2015, en termes d’impact physique, cela correspondait à du niveau haut Pro D2, bas Top 14. En revanche, en termes de vitesse, déjà à l’époque, ça allait beaucoup plus vite qu’en Top 14. Cela ressemblait à du Super Rugby. Et pour en avoir parlé avec des joueurs de Super Rugby, ils me disaient la même chose : ça se rapprochait de la vitesse qu’il y avait dans l’Hémisphère sud. C’était assez impressionnant », raconte-t-il.

Puis au fur et à mesure, les clubs vont s’armer et Nicolas Kraska sent le niveau global exploser entre 2015 et 2021, particulièrement sur la dimension physique : « Mes deuxième et troisième années à Toshiba, j’ai vraiment senti l’écart de niveau par rapport à ma première saison ».

De son passage au Japon, l’ailier retiendra forcément cette première année avec une finale de Top League, malheureusement perdue d’une unité contre les Panasonic Wild Knights : « On fait une finale avec une super équipe. J’ai retrouvé François Steyn avec qui j’ai joué au Racing. Il y avait Richard Kahui, Tanerau Latimer, c’était incroyable de jouer avec eux. Sur 15 matchs, j’en joue 13, on va en finale. Je suis remplaçant mais dès que je rentre, je marque. Le stade était plein à craquer et l’ambiance dingue. Même si on perd d’un point, François Steyn rate la transformation de la gagne, ça reste mon plus beau souvenir. C’est ma saison la plus réussie rugbystiquement dans ma carrière professionnelle. »

Sur sa lancée, il est sélectionné avec la Dream Team de Top League pour affronter les Sunwolves, équipe nippone jouant alors en Super Rugby, à l’occasion d’une rencontre de gala : « encore une expérience oufissime (sic) pour ma première année au Japon ». Pourtant, les pépins vont alors s’enchaîner. Dès la saison suivante, il se rompt les ligaments croisés antérieurs.

Finalement « un mal pour un bien », le joueur ayant le mal du pays, et rentrant en France pour 8 mois. Mais à son retour, le changement d’entraîneur passe mal, les relations sont compliquées, Nicolas Kraska est mis au placard pendant toute la saison et demande même à son agent de lui trouver un nouveau point de chute, alors qu’il vient de resigner pour trois ans.

Finalement, l’ailier va rester jusqu’en 2019 aux Toshiba Brave Lupus avant de s’engager en deuxième division « un niveau équivalent à la Pro D2 mais avec un jeu plus aéré », aux Shimizu Blue Sharks. De son expérience rugbystique au pays du soleil levant, Nicolas n’en tire que du positif : « Je le referai 1000 fois les yeux fermés. Ça n’a été que du positif. Rugbystiquement parlant, jouer à ce niveau-là avec les meilleurs joueurs du monde m’a permis d’énormément évoluer. »

En revanche, si ce rugby fait de vitesse lui a plu à merveille, le joueur a eu du mal à s’adapter aux coutumes japonaises et se heurte à la culture locale : « Sur le plan extra-sportif, j’ai pris un coup de marteau sur la tête dès que je suis arrivé. Ça ne parlait pas anglais, aucune écriture occidentale, tout est écrit en kanji. Dans l’équipe, les joueurs japonais ne parlent pas anglais. On avait un traducteur qui était là 24 heures sur 24, et qui était waterboy lors des matchs pour nous transmettre les consignes du coach ou nous traduire ce que disaient les joueurs sur le terrain.

Avant de poursuivre : « Dans la vie de tous les jours c’était également assez dur. Les étrangers ne sont pas forcément acceptés du fait que les Japonais ne parlent pas anglais et que ce soit une île. Socialement, c’est très renfermé. De ce fait, tu vois les mêmes mecs, les étrangers nous restions ensemble. Tu as du mal à rencontrer des Japonais, qui réellement veulent te connaître et créer des liens d’amitiés. »

Et pour couronner le tout, Nicolas Kraska se rend compte que les directeurs et managers de son dernier club n’étaient pas très au clair avec la trésorerie et ne respectaient pas le contrat des joueurs étrangers. Alors qu’il monte au créneau, on lui fait comprendre qu’il n’a que dix jours pour quitter le pays, puisque son processus de renouvellement de visa a été arrêté. Avec sa famille, son épouse alors enceinte de leur deuxième fille, il quitte le Japon prématurément et met un terme à sa carrière à 31 ans.

Après une dépression de fin de carrière, « une petite mort », il passe son CQP afin d’être coach sportif. Et après trois ans en France, l’envie d’ailleurs étant trop forte, Nicolas Kraska est reparti voyager avec sa famille. Aujourd’hui en Thaïlande, il est préparateur physique dans une salle de MMA.

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Le succès sud-africain de Michalak et Lacroix

Les aficionados de la balle ovale n’auront certainement pas oublié les passages réussis de certains Français en Afrique du Sud. Le premier ? Thierry Lacroix. Parti de l’Us Dax à l’été 1995, ce dernier rejoint Durban et les Natal Sharks avec lesquels il va signer un passage remarqué. Dès sa première saison il remporte la Currie Cup en battant la Western Province de son ancien coéquipier à Dax Olivier Roumat. Grand artisan du succès de sa formation avec six pénalités, il marque les esprits.

L’année suivante ? Rebelote. Il ajoute une nouvelle Currie Cup à son palmarès ce qui en fait l’un des Français à avoir le mieux réussi sa pige à l’étranger. Ses envies de voyages trop fortes, il rejoint les Harlequins à la fin de son aventure sud-africaine puis les Saracens deux ans plus tard.

Douze ans plus tard, c’est un autre français au même poste de demi d’ouverture et dans le même club, qui va faire brillamment parler de lui. Lui c’est Frédéric Michalak, petit prodige du rugby hexagonal. En 2008, il quitte pour la première fois le Stade Toulousain, son club formateur pour s’exiler au Natal Sharks. Mais une vilaine blessure au genou va le priver d’une finale de Super Rugby.

Heureusement pour lui, il va s’avérer décisif dans l’obtention de la Currie Cup en septembre, lors de la victoire des Sharks face aux Bulls d’un certain Bryan Habana, alors star du rugby mondial. Après un premier passage remarqué, Frédéric Michalak retourne aux Sharks trois ans plus tard. Cette fois-ci, il alterne le chaud le froid, connaissant deux finales perdues, la première de Currie Cup en 2011, la seconde de Super 15 en 2012.

Il doit également faire face à la rude concurrence de Pat Lambie qui le fait parfois démarrer à la mêlée. C’est à la blessure de ce dernier qu’il va finalement revêtir la tunique de numéro 10. Mais globalement, les fans sud-africains garderont des bons souvenirs de l’ouvreur tricolore.

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