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Jonah Lomu et « l’essai du bout du monde », histoire contrariée

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Il y a 30 ans, en juin 1994, Jonah Lomu disputait son premier test-match sous le maillot de la Nouvelle-Zélande. Un moment historique. À 19 ans et 45 jours, Lomu devenait le plus jeune joueur à revêtir le maillot à la fougère argentée, devant Egdar Wrigley, dont le record tenait depuis 1905.

Mais ce 26 juin 1994 ne s’est pas vraiment passé comme espéré pour Lomu. La France signait ce jour-là la 2e victoire de son histoire sur le sol néo-zélandais, 22-8 à Christchurch. Une semaine plus tard, le 3 juillet 2024, il y a 30 ans jour pour jour, à l’Eden Park, les Bleus triplaient la mise et remportaient la série sur le sol des All Blacks pour la 1re fois. Depuis, aucune autre équipe n’a réussi à venir s’imposer sur la pelouse du stade d’Auckland.

En France comme en Nouvelle-Zélande, cette tournée des Bleus est plus restée dans les mémoires pour la manière dont les Bleus ont arraché le 2e test, avec ce qui est devenu « l’essai du bout du monde », que pour les débuts de Lomu.

Saint-André : « Logiquement, je devais taper en touche »

On vous résume cette action mythique. Le demi d’ouverture black Stephen Bachop tape au pied un ballon qui rebondit dans les 22 français. Le long de la ligne de touche côté gauche, Philippe Saint-André s’en empare. Dans un premier temps, il semble vouloir solliciter son arrière Jean-Luc Sadourny, avec qui il venait d’échanger quelques mots. « La prochaine, même si elle est pas bonne, on allume », raconte le « Goret » dans Libération.  « Logiquement, je devais taper en touche. »

Mais PSA cale le ballon sous son bras droit et accélère en sortant des 22, évitant deux plaquages. Il est finalement amené au sol par le 2e ligne Mark Cooksley. Le jeu repart rapidement à droite jusqu’à Abdel Benazzi qui passe les bras pour trouver Émile Ntamack. L’ailier repique intérieur et sert le flanker Laurent Cabannes qui croise sa course pour redonner à l’intérieur à Yann Delaigue à l’entrée des 22 mètres blacks. Le Toulousain évite un premier défenseur puis assoit le deuxième sans même le toucher, sur les appuis.

Le centre du terrain est dépeuplé, et quand Guy Accocebery reçoit la balle, on se dit qu’il n’a qu’à finir le job. Parcourir 15 mètres le ballon bien calé sous le bras pour résister au retour en travers des derniers défenseurs et entrer dans l’histoire. Mais « Acco », altruiste comme il a toujours été, préfère transmettre à Jean-Luc Sadourny sur sa gauche, histoire d’assurer le coup.

Lomu a mordu à la feinte de Benazzi puis a passé le reste de l’action comme un touriste perdu à la sortie du métro parisien

Sur France Bleu Gironde, le demi de mêlée se souvient : « Ma première idée c’était : je prends, il n’y a plus personne, j’y vais, il est pour moi. […] Et là après, c’est en regardant à droite, j’aperçois Kirwan et Timu qui arrivent comme des flèches. Ils me faisaient penser à deux vaches landaises qui arrivent en travers pour m’encorner. Donc je regarde vite à gauche et là il reste Jean-Luc Sadourny pas très loin et Philippe Saint-André. Quand je les vois j’ai même pas essayé de voir si j’étais loin de la ligne, instinctivement j’ai fait la passe pour sauver le ballon le mettre loin des adversaires all blacks qui revenaient, et Jean-Luc conclut l’essai. »

Personne n’a plus souffert de « l’essai du bout du monde » que le jeune Jonah Lomu. Il n’en était qu’aux prémices de sa carrière, avec juste quelques matchs de haut niveau comme bagage, et cela s’est vu. C’est lui qui mord à la feinte de Benazzi, puis passe le reste de l’action comme un touriste perdu à la sortie du métro parisien, alors que Ntamack et Cabannes virevoltent autour de lui.

Sur l’autre aile, ce jour-là, il y avait un John Kirwan en fin de carrière, après une décennie à briller : « Jonah avait été mis sur l’aile gauche ; il était sans doute un peu jeune et pas tout à fait prêt pour ça ».

Kirwan avait été la star des All Blacks vainqueurs de la première Coupe du Monde, en 1987. Il avait marqué six essais en vitesse et puissance. Son gabarit faisait de lui l’un des ailiers les plus massifs qu’on ait jamais vus à l’époque. Avec ses 193 cm et ses 92 kg, un journal britannique l’avait comparé à un « bélier ». Pas l’animal, plutôt la machine de guerre qui enfonce les murs et fait sauter les portes.

Puis Lomu est arrivé. Peu ou prou la même taille que Kirwan, mais 25 kg de plus. Des proportions réservées aux 2e lignes jusque-là. Massif comme un avant, rapide comme un trois-quarts.

Les Bleus manquaient de discipline, d’organisation, de structure. Mais ils avaient de l’audace, du courage et de la folie

Les deux ailiers se sont rencontrés peu avant la tournée de l’équipe de France, à l’occasion d’un match entre les All Blacks « possibles » et les All Blacks « probables ». Kirwan s’est retrouvé face à Lomu pour la première fois. L’écrivain sud-africain spécialiste du rugby Mark Keohane était en Nouvelle-Zélande à ce moment-là et avait assisté à ce galop d’essai. Il en était ressorti ébloui par Lomu. « Il était immense et rapide. Je n’avais jamais vu un ailier aussi rapide, capable d’avoir un tel impact physique. »

Kirwan non plus. La première fois que Lomu est arrivé à son contact, il l’a raté. Une fois le premier choc passé, sa défense a tenu le coup. Il faut dire que dans les années 1990, l’analyse vidéo était quasi inexistante, d’autant qu’Internet n’était pas encore démocratisé. Il n’avait aucune idée de ce que Will Carling appellera plus tard le physique « monstrueux » de Lomu.

Le sélectionneur d’alors, Laurie Mains, estima que Lomu était prêt à goûter aux test-matchs malgré son manque d’expérience. Contre l’Angleterre ou un autre pays britannique, peut-être que cela serait passé inaperçu.

Mais à l’époque, la France est la seule équipe capable de faire sauter n’importe quelle défense dans un joyeux bazar, ou plus férocement. Les France – Angleterre de 1991 et 1992 font partie des matchs les plus violents de l’histoire. Après avoir perdu en quart de finale de la Coupe du Monde 1991 contre le pire ennemi, le sélectionneur Daniel Dubroca avait attrapé l’arbitre dans le tunnel en le traitant de tricheur.

Les Bleus manquaient de discipline, d’organisation, de structure. Mais ils avaient de l’audace, du courage et une folie qu’aucun Anglo-saxon ne pouvait contester. Quand les étoiles s’alignaient, les résultats suivaient de manière spectaculaire. L’essai de Blanco contre l’Australie en demi-finale de la Coupe du Monde 1987 ou celui de Saint-André à Twickenham durant le Tournoi des Cinq Nations 1991 par exemple sont nés de relance sous les poteaux français.

Sur l’essai vainqueur de Blanco contre les Wallabies, le nombre de corps qui jonchent la pelouse est dingue. Tout le monde est sur les rotules, d’autant que les remplacements ne peuvent être effectués que sur blessure (la règle changera en 1996). À l’époque de l’amateurisme, les joueurs étaient préparés physiquement, mais évidemment moins bien qu’aujourd’hui.

Pas de remplaçant, une condition physique pas optimale : logiquement, plus les matchs avançaient, plus les espaces s’ouvraient. Et exploiter ces failles, l’équipe de France savait le faire mieux que quiconque. Toutefois, quand le professionnalisme est arrivé en 1995, la tête d’affiche était Lomu, pile au bon endroit et au bon moment pour devenir la première et la plus grande superstar du rugby à XV.

Après la série perdue contre la France, Laurie Mains reconnu l’erreur commise avec le jeune phénomène. Lomu fut renvoyé dans son club, Counties Manukau, pour progresser encore et gagner en expérience. Cela n’a pas tardé, et il était de retour avec les All Blacks pour la Coupe du Monde 1995.

Aucun joueur ne dominera jamais une Coupe du monde comme Lomu l’a fait en Afrique du Sud. Le rugby gagne en popularité en même temps que Lomu devient un phénomène mondial. Il a droit à un article dans le New York Times, reçoit des propositions de clubs de football américain, apparait dans une pub britannique pour des pizzas en compagnie de Tony Underwood, l’un des nombreux joueurs qui se sont fait rouler dessus par le Kiwi durant la Coupe du Monde.

« Parce qu’on est Français »

Lomu a changé la perception du rugby. Avant 1995, le rugby était, pour reprendre les termes de Will Carling, un sport de « vieux schnock ».  Le jeune Lomu, âgé de 20 ans, a apporté une touche de glamour et une dose d’enthousiasme à ce sport. Il était la figure idéale pour faire entrer le rugby dans l’ère professionnelle.

Il est malheureusement mort bien trop tôt, en 2015. La même année, l’équipe de France touchait le fond, humiliée par la Nouvelle-Zélande 62-13 en quart de finale de la Coupe du Monde. Alors que tout le monde voyait venir la débâcle, Serge Blanco ramait à contre-courant. Au secours du sélectionneur Saint-André chahuté par la presse, la légende résumait à une formule les raisons de croire à un succès bleu face aux futurs vainqueurs de la compétition : « Parce qu’on est Français ».

Cela montre, s’il le fallait, qu’aucune nation n’a eu autant de mal à s’adapter au rugby professionnel que la France. Il lui a fallu des décennies pour comprendre que ce sport n’était plus amateur et que la condition physique, la nutrition et l’organisation étaient importantes.

Pour un pays si prompt à faire la révolution, les Français ont été étonnamment lents à comprendre en 1995 que le jeune homme qu’ils avaient mis dans l’embarras l’année précédente était l’homme qui allait révolutionner le rugby.

Cet article a été publié à l’origine en anglais sur RugbyPass.com, et adapté en français par Jérémy Fahner.

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T
Tom 3 hours ago
What is the future of rugby in 2025?

Briiiiiiiiiiiiiiiistol! Briiiiiiiiiiiiiiiistol! Briiiiiiiiiiiiiiiistol!


It's incredible to see the boys playing like this. Back to the form that saw them finish on top of the regular season and beat Toulon to win the challenge cup. Ibitoye and Ravouvou doing a cracking Piutau/Radradra impression.


It's abundantly clear that Borthwick and Wigglesworth need to transform the England attack and incorporate some of the Bears way. Unfortunately until the Bears are competing in Europe, the old criticisms will still be used.. we failed to fire any punches against La Rochelle and Leinster which goes to show there is still work to do but both those sides are packed full of elite players so it's not the fairest comparison to expect Bristol to compete with them. I feel Bristol are on the way up though and the best is yet to come. Tom Jordan next year is going to be obscene.


Test rugby is obviously a different beast and does Borthwick have enough time with the players to develop the level of skill the Bears plays have? Even if he wanted to? We should definitely be able to see some progress, Scotland have certainly managed it. England aren't going to start throwing the ball around like that but England's attack looks prehistoric by comparison, I hope they take some inspiration from the clarity and freedom of expression shown by the Bears (and Scotland - who keep beating us, by the way!). Bristol have the best attack in the premiership, it'd be mad for England to ignore it because it doesn't fit with the Borthwick and Wigglesworth idea of how test rugby should be played. You gotta use what is available to you. Sadly I think England will try reluctantly to incorporate some of these ideas and end up even more confused and lacking identity than ever. At the moment England have two teams, they have 14 players and Marcus Smith. Marcus sticks out as a sore thumb in a team coached to play in a manner ideologically opposed to the way he plays rugby, does the Bears factor confuse matters further? I just have no confidence in Borthers and Wiggles.


Crazy to see the Prem with more ball in play than SR!

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J
JW 7 hours ago
Does South Africa have a future in European competition?

In another recent article I tried to argue for a few key concept changes for EPCR which I think could light the game up in the North.


First, I can't remember who pointed out the obvious elephant in the room (a SA'n poster?), it's a terrible time to play rugby in the NH, and especially your pinnacle tournament. It's been terrible watching with seemingly all the games I wanted to watch being in the dark, hardly able to see what was going on. The Aviva was the only stadium I saw that had lights that could handle the miserable rain. If the global appeal is there, they could do a lot better having day games.


They other primary idea I thuoght would benefit EPCR most, was more content. The Prem could do with it and the Top14 could do with something more important than their own league, so they aren't under so much pressure to sell games. The quality over quantity approach.


Trim it down to two 16 team EPCR competitions, and introduce a third for playing amongst the T2 sides, or the bottom clubs in each league should simply be working on being better during the EPCR.


Champions Cup is made up of league best 15 teams, + 1, the Challenge Cup winner. Without a reason not to, I'd distribute it evenly based on each leauge, dividing into thirds and rounded up, 6 URC 5 Top14 4 English. Each winner (all four) is #1 rank and I'd have a seeding round or two for the other 12 to determine their own brackets for 2nd, 3rd, and 4th. I'd then hold a 6 game pool, home and away, with consecutive of each for those games that involve SA'n teams. Preferrably I'd have a regional thing were all SA'n teams were in the same pool but that's a bit complex for this simple idea.


That pool round further finalises the seeding for knockout round of 16. So #1 pool has essentially duked it out for finals seeding already (better venue planning), and to see who they go up against 16, 15,etc etc. Actually I think I might prefer a single pool round for seeding, and introduce the home and away for Ro16, quarters, and semis (stuffs up venue hire). General idea to produce the most competitive matches possible until the random knockout phase, and fix the random lottery of which two teams get ranked higher after pool play, and also keep the system identical for the Challenge Cup so everthing is succinct. Top T2 side promoted from last year to make 16 in Challenge Cup

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J
JW 13 hours ago
Does South Africa have a future in European competition?

I had a look at the wiki article again, it's all terribly old data (not that I'd see reason for much change in the case of SA).

Number Of Clubs:

1526

Registered+Unregistered Players:

651146

Number of Referees:

3460

Pre-teen Male Players:

320842

Pre-teen Female Player:

4522

Teen Male Player:

199213

Teen Female Player:

4906

Senior Male Player:

113174

Senior Female Player:

8489

Total Male Player:

633229

Total Female Player:

17917


So looking for something new as were more concerned with adults specifically, so I had a look at their EOY Financial Review.

The total number of clubs remains consistent, with a marginal increase of 1% from 1,161 to 1,167. 8.1.

A comparative analysis of verified data for 2022 and 2023 highlights a marginal decline of 1% in the number of female players, declining from 6,801 to 6,723. Additionally, the total number of players demonstrates an 8% decrease, dropping from 96,172 to 88,828.

So 80k+ adult males (down from 113k), but I'm not really sure when youth are involved with SAn clubs, or if that data is for some reason not being referenced/included. 300k male students however (200k in old wiki data).


https://resources.world.rugby/worldrugby/document/2020/07/28/212ed9cf-cd61-4fa3-b9d4-9f0d5fb61116/P56-57-Participation-Map_v3.pdf has France at 250k registered but https://presse-europe1-fr.translate.goog/exclu-europe-1-le-top-10-des-sports-les-plus-pratiques-en-france-en-2022/?_x_tr_sl=auto&_x_tr_tl=en&_x_tr_hl=en&_x_tr_pto=wapp has them back up at 300k registered.


The French number likely Students + Club, but everyone collects data different I reckon. In that WR pdf for instance a lot of the major nations have a heavily registered setup, were as a nation like England can penetrate into a lot more schools to run camps and include them in the reach of rugby. For instance the SARU release says only 29% of schools are reached by proper rugby programs, where as the 2million English number would be through a much much higer penetration I'd imagine. Which is thanks to schools having the ability to involve themselves in programs more than anything.


In any case, I don't think you need to be concerned with the numbers, whether they are 300 or 88k, there is obviously a big enough following for their pro scenes already to have enough quality players for a 10/12 team competition. They appear ibgger than France but I don't really by the lower English numbers going around.

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