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Les carnets de Tournoi de Morgane Bourgeois (2e partie)

Carnets de Tournoi 2 de Morgane Bourgeois

Troisième semaine ensemble, deuxième de compétition. La semaine de l’Écosse démarre, comme les autres, dans la bonne humeur et avec cette montée d’adrénaline propre aux semaines de match. Le lundi est plutôt tranquille; séances vidéo, récupération, une faible intensité pour le moment.

Le soir, rapidement dans la semaine, vient l’annonce de la composition. Il y a toujours cette petite boule au ventre en entrant dans la salle, ce moment suspendu. Les noms s’affichent, j’enchaîne. Fierté immense. Être reconduite, surtout quand on a traversé des périodes plus compliquées, c’est une vraie marque de confiance. Et surtout, une belle opportunité de continuer à s’imposer.

Le mardi est une journée très intense et condensée; notre pic de travail de la semaine. Semaine un peu particulière, le départ pour La Rochelle est prévu le mercredi. Nous voyageons l’après-midi en train et arrivons en début de soirée à l’hôtel. Le soir, pour relâcher la pression après le long voyage, quelques filles ont lancé une partie de « Mot de passe ». Un vrai moment de cohésion où tout le monde se retrouve dans la bonne humeur.

Arriver sur place le mercredi, c’est assez inhabituel. Il fait beau, la ville est agréable, tout pourrait faire croire à des vacances… mais pas de piège. L’équipe a su réagir face à ça et rester très concentrée et connectée dans les bons moments.

Nous nous sommes rapidement imprégnées de l’atmosphère locale. La Rochelle, terre de rugby, toutes les conditions sont réunies pour vivre un grand moment.

Jeudi matin, entraînement dans la bonne humeur à l’Apivia Parc. On croise les pros qui préparent leur déplacement à Clermont. En salle de musculation, la cloche des records résonne, les sourires s’enchaînent, la musique aussi… une vraie ambiance de travail, mais détendue.

L’après-midi, notre dernier entraînement est ouvert au public à Deflandre. Nous découvrons le stade pour la première fois. La séance est d’une grande qualité, avec énormément d’énergie, porté par les supporters présents.

En tant que buteuse, les conditions sont idéales pour moi: deux entraînements sur le terrain avant le match, c’est un luxe. J’ai pu prendre mes repères, d’un côté le jeudi, de l’autre lors du Captain Run et bénéficié de deux journées légèrement différentes en termes de conditions climatiques.

En rentrant à l’hôtel, on découvre un petit chat qui se promène librement. Il vient se poser près de nous et se laisse caresser. Mignon et paisible, il apporte une touche de douceur inattendue à notre journée bien remplie. Sa présence détend, fait sourire, et crée un petit moment de calme dans le rythme intense de la semaine.

Vendredi matin, Captain Run. Nous avions déjà découvert le terrain la veille, donc on se sent déjà un peu plus chez nous. Les dernières répétitions se passent bien.

Après ça, l’après-midi était libre afin de permettre à tout le monde de récupérer. Certaines ont eu la chance d’éviter la pluie, d’aller prendre un café sur le vieux port… de quoi relâcher la pression avant le match.

Soirée de remise des maillots, marquée par la présence de (Brice) Dulin, (Matthias) Haddad et de membres du staff rochelais. Un moment simple mais fort, dans une ambiance détendue et bienveillante. Chacun partage son expérience, ses souvenirs, son parcours. Ces échanges, empreints d’humilité et de passion, résonnent fort. C’est l’occasion d’apprendre autrement, de s’inspirer, de se nourrir de récits authentiques. Une parenthèse qui renforce le collectif, tout en rappelant que derrière chaque maillot, il y a une histoire.

Samedi 29 mars : jour de match contre l’Écosse

Que dire. Comment décrire cette ambiance incroyable. Seules les joueuses peuvent vivre et se souvenir de ces émotions indescriptibles. Le stade Marcel Deflandre, connu pour accueillir l’un des meilleurs publics européens, est en feu.

Plus de 16 000 personnes chantent la Marseillaise et nous poussent sur chaque action. Après chaque essai, pénalité, ces milliers de personnes scandent mon nom. Des frissons. Une énergie incroyable portée par le public, qui nous a galvanisées du début à la fin.

L’arrière de l’équipe de France, Morgane Bourgeois, tente une pénalité lors du match international de rugby féminin du Tournoi des Six Nations entre la France et l’Écosse, au stade Marcel-Deflandre à La Rochelle, dans le sud-ouest de la France, le 29 mars 2025. (Photo par ROMAIN PERROCHEAU / AFP) (Photo par ROMAIN PERROCHEAU/AFP via Getty Images)

Au coup de sifflet final, le tour d’honneur est inoubliable, les émotions encore palpables. Il nous faut bien une bonne demi-heure pour remercier, signer des autographes et prendre des photos avec les supporters. Et malgré tout ce temps et notre envie, on ne peut malheureusement pas répondre à toutes les demandes.

Pour conclure ce bloc intense, une soirée avec les familles. La meilleure façon de refermer cette parenthèse.

Dimanche : balade à La Rochelle

Au lendemain du match, j’ai fait le choix de rester à La Rochelle avec ma famille pour profiter d’un moment simple, sans prétention. Dimanche matin, on flâne dans les rues, on se balade. Et puis, au détour du marché, une femme m’interpelle :

« Vous êtes Morgane Bourgeois ? Félicitations, vous avez un pied incroyable. » Je suis surprise, touchée, et un peu gênée aussi. Un sentiment de fierté discret, mais profond. Une reconnaissance qui a une saveur bien particulière.

Semaine de régénération : repos mérité

Retour au calme dans le sud ouest pour profiter d’une belle semaine de printemps. Au programme : repos, moments partagés avec les proches, études pour certaines et une petite piqure de préparation physique en fin de semaine avant de retrouver le groupe pour le deuxième bloc.

Semaine Pays de Galles : rythme accéléré, opposition inédite, imprévus gérés ensemble

Retour à Marcoussis après une semaine de coupure bien méritée. Lundi, on arrive en début d’après-midi, et tout s’enchaîne très vite. Pas le temps de traîner : les premières réunions démarrent dès notre installation. Un débrief rapide, des axes de travail identifiés, et déjà le regard tourné vers la suite. On se recentre sur nous, sur notre projet, sur ce qui nous attend face au Pays de Galles.

Mardi, grosse journée. Haute intensité dès les premières minutes, avec un moment fort : une opposition avec l’équipe des Springboks féminines. Une vraie chance. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut se confronter à une sélection qu’on connaît peu. Du coup, c’est une forme de préparation à l’inconnu : on ne sait pas à quoi s’attendre, il faut s’adapter, réagir vite. C’est une équipe puissante, avec des gabarits solides, à l’image de ce que propose le Pays de Galles. L’opposition est donc idéale, à la fois sur le plan technique et physique.

Au-delà du terrain, c’est aussi une belle rencontre humaine. La musique résonne, les sourires circulent, les échanges sont simples et chaleureux. Une belle ambiance flotte sur Marcoussis, portée par cette diversité et ce mélange de cultures.

Le départ pour Brive est prévu jeudi après-midi, à 15h. Mais un imprévu vient perturber notre organisation : le train a du retard. Et pas qu’un peu. On attend, sans trop savoir quoi faire. On patiente, on scrute les infos, on discute. Finalement, décision prise : on rappelle le chauffeur, ce sera un départ en bus. On prend la route.

Le départ pour Brive est prévu jeudi après-midi, à 15h. Mais un imprévu vient perturber notre organisation : le train a du retard. Et pas qu’un peu. On rappelle le chauffeur, ce sera un départ en bus. On prend la route.

Le trajet est long, plus de 6h, l’arrivée tardive. Très tardive. On dîne à minuit passé, dans une ambiance qui ressemble presque à une fin de soirée un peu décalée, les yeux qui piquent, les rires faciles, l’énergie un peu floue. On est toutes rincées, alors on en rigole, un peu sonnées, mais ensemble. Ces galères-là, on les connaît en club chaque week-end. Et quelque part, ça rassure. Ça nous ramène à la réalité.

Une vraie piqûre de rappel : on n’est pas à l’abri des imprévus. On n’est pas au-dessus du quotidien. Et parfois, ça fait du bien de s’en souvenir. Ça remet les pieds sur terre, dans un environnement où tout est habituellement millimétré pour optimiser notre performance.

Vendredi, on pose enfin les crampons à Brive pour le Captain Run. Premières foulées sur la pelouse, derniers réglages, les repères se mettent en place. Le match approche, la concentration monte d’un cran.

Soirée de remise des maillots à Brive, dans une atmosphère toujours aussi symbolique. Cette fois, c’est une femme inspirante; Mme Rougerie qui nous fait l’honneur de nous partager son parcours et comment elle s’est battue pour vivre sa passion. C’est à mon tour de recevoir mon maillot. Sauf que, petit détail : une faute de flocage s’est glissée dans le nom. Me voilà devenue Bourgois, sans le « e ». L’erreur fait sourire tout le monde, les blagues fusent, l’ambiance est légère. Et au fond, ça me fait rire aussi.

Parce que peu importe l’orthographe, ce qui compte, c’est ce que représente ce maillot. Et que ce soit écrit Bourgeois ou Bourgois, la fierté, elle, ne change pas.

Samedi 12 avril : Jour de match contre le Pays de Galles

Jour de match. J’ouvre les volets, il pleut. Avec un coup d’envoi prévu à 13h45, la matinée passe vite. Les tresses ont été faites la veille, les valises aussi pour la plupart, tout le monde attend impatiemment le départ. Nous arrivons au stade en même temps que les Galloises. On les laisse passer avant de traverser une allée de supporters pour se rendre au vestiaire.

Le timing est serré. À peine arrivé au vestiaire, tout s’enchaîne. Buteuse que je suis, je n’ai que très peu de temps pour me changer et démarrer mon échauffement individuel. Le ballon est humide, les conditions pas idéales mais la ferveur du stade nous réchauffe et nous rappelle ce pour quoi on joue, et surtout ce pour quoi on s’entraîne toute l’année.

Le match n’est pas simple, les contacts sont durs, le jeu saccadé. Mais la victoire est au bout. Et avec le bonus. Pour notre dernier match en France, on veut profiter du public. Engranger toute l’énergie possible avant deux gros déplacements pour terminer le tournoi.

Le tour d’honneur est long, on signe des centaines d’autographes et on réalise un nombre de photos incalculable. On me demande mon maillot, comme cela arrive souvent. Mais cette fois, la petite faute d’orthographe qui m’avait fait sourire la veille m’a encouragé à le faire. J’ai eu envie de le donner, naturellement, avec plaisir.

En y repensant, je me dis que plus jeune, j’aurais moi aussi rêvé de recevoir le maillot d’une joueuse internationale. Beaucoup d’entre nous ont d’ailleurs donné leurs maillots samedi. Un petit geste pour nous qui peut procurer tant de joie aux plus jeunes.

Aujourd’hui, c’est à notre tour d’inspirer, de transmettre, et ça me rend heureuse. Une fois tous ces bons moments terminés, passage au test dopage pour ma part. Un moment moins marrant, mais tout aussi important. Je patiente dans le vestiaire, en buvant des bouteilles d’eau entière.

Et après avoir terminé, je suis évidemment la dernière aux vestiaires. Je prends une douche express, je m’habille et je m’empresse d’aller retrouver mes coéquipières à la réception d’après match. Peu de temps après, le bus repart, on rentre à l’hôtel où nos proches nous attendent pour partager un moment agréable… (à suivre)

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WI 19 minutes ago
How 'misunderstood' Rassie Erasmus is rolling back the clock

It isn’t just the running rugby, but everything else as well. The Boks have a sense of desperation that sets in when they are matched physically, that cannot at times be offset by their skillset. One of the reasons, as far as i understand it, for Tony Brown’s introduction to the set up was to increase the Boks strike plays along with among many things. Is this not Rassie’s assessment of the Pool loss to Ireland? If you watch that game, so many opportunities, yet an unconverted try and a lone penalty to show for all those scrum penalties, stolen lineouts and 5 m maul attempts?


Fast Forward to Durban, the Boks could not score a single try? Led 24-19 with 65 minutes to go, led 24-22 with 40 seconds to go with a scrum, of all things in Ireland’s 22, yet end up losing the game. At the end of that series they had won 3 out of the 4 halves of rugby, yet drew the series.


Who could forget the infamous quarterfinal loss to the Wallabies in the 2011 WC Quarterfinal? Desperation as the time ticked on, in came the small things and the skillset failed.


The Boks have almost got it all, this one thing, as Eddie Jones said back in 2007, if the Boks get it, they might become unplayable. I think Rassie have realized as much by the failures of previous Bok teams. Boks Vs Robbie Deans, Heyneke Meyer VS All Blacks, 4 Straight Defeat to Wales? All i am saying, is that it isn’t readily apparent to me, that the Boks have it yet, and if they do, maybe it should ascend pass other nations? However, what would the school, domestic rugby philosophies not do to hinder it?


Gone are the extreme ends of the spectrum represented by Heyneke Meyer’s Bash Ball and Alister Coetzee’s flying with the fairies, as neither work for the Boks. It is obvious, that the gold lies in the combination of Mallet and to an extend Rassie. Not sure one coach would be able to change the mindset of a Rugby Nation, and to help me not hear my Bulls Fanatic neighbor shout “ Vok hul op!”

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