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Toulon : dans les coulisses du doublé Coupe d’Europe – Top 14, il y a 10 ans

Jonny Wilkinson, capitaine de Toulon, soulève le Brennus après la victoire de Toulon lors de la finale du Top 14 entre Toulon et Castres Olympique au Stade de France le 31 mai 2014 à Paris, France. (Photo par Warren Little/Getty Images)

Le RC Toulon vient de mettre en ligne son documentaire ultra attendu : 2014, Doublé d’émotions, à voir en exclusivité sur la chaîne YouTube du club.

A lire les commentaires des supporters, ce documentaire posté le 20 novembre au soir était très attendu. Car il y a 10 ans, Toulon marchait sur l’eau avec une équipe de rêve que toutes les autres équipes du monde entier enviaient.

Un casting 5 étoiles

Que des stars derrière Bryan Habana, Jonny Wilkinson, Matt Giteau, Drew Mitchell, Bakkies Botha, Carl Hayman, Mathieu Bastareaud, Juan Martin Fernandez Lobbe, Martín Castrogiovanni, Ali Williams, Steffon Armitage, Juan Smith, Facundo Isa, Danie Rossouw, Fred Michalak, Chris Masoe, Sébastien Tillous-Borde…

Bref, on va pas se faire la liste tant elle est mythique, encore dix ans plus tard. A la manœuvre, Bernard Laporte, le manager entre 2011 et 2016, et Pierre Mignoni, l’entraîneur. La saison précédente, Toulon a remporté la Coupe d’Europe et terminé finaliste du Top 14. Six semaines de vacances sont décrétées à la condition expresse que tout le monde doit revenir en forme car l’objectif est clair : Toulon veut le doublé, Coupe d’Europe et le Brennus en fin de saison.

Un groupe stable

Pour la première fois depuis son retour dans l’élite (2009), le groupe reste stable. 9 arrivées pour 11 départs. Les précédentes saisons, ça tournait plutôt autour de 13 à 17 arrivées pour 19 à 22 départs. La stabilité sera un gage de réussite.

Le respect qui règne entre tous les joueurs va transcender le groupe. Bien plus, à les entendre, que les chèques que signe le proprio du club, le fantasque homme d’affaires Mourad Boudjellal.

« Quand on est tous en groupe, tu vois des joueurs que tu respectes et je n’avais pas envie que Juan Lobbe, Juan Smith ou Bakkies Botha pensent que j’étais une mauviette et que je ne méritais pas d’être sur le terrain avec eux », confie l’Australien Drew Michell.

« Je ne suis pas venu pour l’argent. Je suis venu uniquement pour gagner le respect de joueurs de classe mondiale comme Jonny Wilkinson, Carl Hayman, Matt Giteau, ce genre de joueurs », enchaîne Bakkies Botha.

Des bêtes sauvages

« Quand ils avaient décrété qu’on était en état de guerre, c’étaient des animaux sauvages », se souvient l’entraîneur adjoint Jacques Delmas (2013-2016).

« On savait que quand on était désigné sur des matchs avec Toulon il fallait qu’on soit prêt pour l’affrontement et surtout le privilège d’arbitrer une équipe qui était déjà championne d’Europe mais qui faisait rêver tout le monde avec des grands noms dans cette équipe », insiste l’ancien arbitre Romain Poite.

Il y avait « des leaders à toutes les portes ». « Tout le monde était capitaine à son poste », affirme Mathieu Bastareaud. La saison est parfaitement lancée. A Noël, Toulon est sur le podium. Mais c’est quelques jours plus tard que la machine va se gripper, sur une simple interception…

L’interception de Ratini

En apparence, un match anodin, une formalité pour Toulon et son équipe de titans qui se prépare à accueillir Grenoble (5e) en janvier 2014. « Face à des morts de faim, on y allait pour leur casser les bonbons le plus longtemps possible », se souvient avec gourmandise Cédric Béal le troisième-ligne de Grenoble de cette saison-là.

Et le plan a fonctionné dans ce match marqué par beaucoup de combat et d’agressivité. Dans la dernière action du match, alors que le ballon passe de main en main chez les Toulonnais, l’ailier fidjien de Grenoble Alipate Ratini (aujourd’hui à Béziers) intercepte une passe et file à l’essai. Toulon voit sa dynamique brisée 22-23. Par cet exploit, Grenoble met fin à un an d’invincibilité de Toulon à Mayol.

Laporte pique une crise et rentre chez lui. « Je suis écœuré », lâche-t-il avant de déverser son fiel contre l’arbitre (ils se rabibocheront huit ans plus tard). Celui que l’on surnomme « Bernie Le dingue » depuis son passage au Stade Français (1995-1999) est fidèle à sa réputation.

Matt Giteau envoie un message au boss

L’ambiance est très tendue et le club prêt à imploser. Laporte se prend 13 semaines de suspension. Ses regrets de s’être emporté n’y changeront rien. Il se dit à deux doigts de partir. Au soir de la 17e journée, le RCT est 7e, même pas qualifié, à deux points d’un potentiel barrage.

C’est alors que Matt Giteau prend le lead dans le vestiaire, consulte ses partenaires et envoie un message au boss : ce Brennus, ce doublé, ils le gagneront ensemble ou ils ne le gagneront pas. Bernie se laisse attendrir. Un pacte est passé : s’ils y vont, il y retourne.

De ce moment de crise qui a failli faire chuter le géant, le RCT va s’en servir pour se remettre en route. « Ce match a fait basculer notre saison », se souvient Bakkies Botha. « On était tombé dans le ravin et il fallait se relever », insiste Laporte.

Le RCT enchaînera 11 victoires sur les 12 derniers matchs de Top 14, puis décrochera son premier Bouclier de Brennus depuis 1992, une semaine après avoir remporté la H Cup pour la deuxième année consécutive. C’est alors le premier club à réussir le doublé Top 14 – Coupe d’Europe.

Découvrez les coulisses des deux camps lors de la tournée des Lions britanniques et irlandais en Afrique du Sud en 2021. A voir en exclusivité sur RugbyPass TV dès maintenant.

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